billet du jour
Sapé comme jadis... et parfois comme aujourd’hui
Les vêtements, en plus de nous habiller, représentent notre place dans la société, le rôle que nous y jouons, même si le décret du 8 brumaire de l’an 2 (29 octobre 1793) a aboli l’obligation de se vêtir selon sa condition, selon que l’on était noble ou pas. Donc, le vêtement est très couramment choisi pour bien affirmer l’identité et le rôle social de celui qui le porte. Comme par exemple la veste en cuir portée par Kim Jung-Un et interdite à tous les Coréens du Nord, même s’il s’agit ici d’un cas extrême.
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Mais il est de nombreux cas où les choix personnels font scandale ou tout du moins font jaser. Que le vêtement soit trop court, trop long, trop quelque chose, pas assez quelque chose... pas assez respectable comme la blouse du député Thivrier à la fin du XIXe siècle, trop large comme le costume trois pièces de Cab Calloway, trop collant comme le maillot de bain d’Annette Kellerman, etc.
C’est de ces différents aspects du vêtement dont nous parle Yvane Jacob dans son livre Sapé comme jadis, 60 histoires de vêtements (et de gens importants). La table des matières bien structurée montre que porter tel ou tel vêtement n’est pas une affaire aussi frivole qu’on pourrait tout d’abord le penser puisqu’elle développe comment le vêtement fait scandale ou permet de se démarquer, marque la libération des femmes, habille un nouvel homme, en fait un outil de la révolution ou un instrument du pouvoir. Chaque cas, centré sur un personnage historique, est bien documenté et très bien illustré ; les sources, très complètes, sont regroupées à la fin de l’ouvrage. Tout cela en fait un livre très intéressant, je dirais même indispensable à lire pour qui s’intéresse à l’histoire du vêtement et de la mode. Seul bémol de taille : si la rédaction témoigne des connaissances approfondies de l’autrice, celle-ci adopte un ton familier, un tantinet négligé et parfois avec des termes grossiers, qui sont peut-être adaptés à certaines ondes radiophoniques, mais tout à fait agaçants dans un ouvrage qui se veut sérieux. Dommage !

Édité par Robert Laffont, 2019 – 177p. – 22€
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Broderies
Il y a de plus en plus de beaux livres consacrés au textile et la broderie figure en bonne place. Celui d’Audrey Demarre « Broderies anthologie curieuse » propose une cinquantaine de portraits d’artistes qui brodent, que la broderie et le textile en général soit leur unique matériau soit que ce matériau intègre leur pratique artistique parmi d’autres matériaux et d’autres techniques. À offrir, à s’offrir !
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Édité par les Éditions de la Martinière, disponible dans toutes les bonnes librairies. 256 pages. 35,90€
Pour voir – en vrai – des travaux d’artistes textiles, il faut aller en ce moment à Clermont-Ferrand visiter les nombreuses expositions du FITE. C’est toujours un grand événement textile et artistique.
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Jeux de ficelle
Kaninikula, c’est le nom des jeux de ficelles aux iles Trobriand. Et Éric Vandendriesshe, ethnomathématicien, en explore le fonctionnement en y recherchant les procédures mathématiques mises en œuvre par les praticiens de ces jeux. C’est ce qu’il montre dans ce court-métrage de 2012.
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Les jeux de ficelles avaient déjà fait l’objet d’un billet dans ce blog, il y a quelques années, auprès d’autres populations du Grand Nord. Et Watana.
Fibre de l’été
On retrouve le lin avec joie tous les étés tant il est frais à porter, et son « froissé » est reconnaissable entre tous. En mélange avec du coton, de la soie ou une fibre artificielle, il perd une bonne part de son froissé tout en conservant le maximum de ses qualités. Et cerise sur le gâteau, il se prête très bien à la broderie fine et à divers travaux d’aiguilles, outre ses nombreux autres usages, pour certains inattendus, comme l’alimentation, les matériaux composites, l’isolation, la papeterie.
Fibre végétale originaire d’Égypte, utilisé depuis au moins 4000 ans, le lin est une fibre longue de 20cm issue de la tige de la fleur de lin acclimatée depuis longtemps en Europe, et en particulier en France (leader mondial de la production), en Normandie. Difficile à mécaniser, le lin a été introduite dans le processus mécanisé en 1811, c’est-à-dire, bien longtemps après le coton, la laine. Cela en raison d’une étape spécifique à la fabrication du lin, le rouissage, qui en termes chimiques est l’hydrolyse de la pectose qui lie les fibres (en fait une étape de pourrissement) traditionnellement menée en fosse humide, puis à partir du début du 19e siècle avec des produits chimiques qui produisent le même effet de « pourrissement » qui met la fibre à nu.
Le beau livre « Lin, fibre de civilisation(s) » édité par Actes Sud est une somme unique de travaux de différents scientifiques, sous la direction d’Alain Camilleri. Dans toutes les bonnes librairies.
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