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Tata-Georgette

De l’art de rebuter les tricoteuses débutantes

27 Février 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Billet du jour

La scène suivante a été observée dans une boutique de laine (à Toulouse, mais c’est aussi possible ailleurs) :

La jeune cliente : - J’ai tricoté jusque là [elle montre les emmanchures] mais je ne sais pas faire les diminutions, c’est le premier pull que je tricote, pourriez-vous m’aider ?

La marchande : - D’où vient la laine ? ah bon ! elle vient d’ici... Bon, donnez-moi votre ouvrage, je vais vous faire voir.

La jeune cliente : - Merci Madame !

La marchande fait les diminutions à toute allure, sans rien expliquer, sans même se préoccuper de savoir si la jeune cliente voit peu ou prou ce qui se passe...

La jeune cliente : - Ouh la la ! vous allez trop vite, je ne comprends pas du tout comment vous faites !

La marchande : - Bon, vous voyez, c’est simple non ? il suffit de faire des diminutions de chaque côté.

[ ! ? ! ? ! ben voyons ! ]

Et la marchande continue rageusement en faisant bien comprendre qu’elle n’a pas que ça à faire...

- La marchande : - Pour le dos, si vous n’êtes pas capable de faire les diminutions, revenez me voir.

Et hop, voilà les diminutions terminées, sauf que la jeune cliente n’a rien pu comprendre, n’a rien pu apprendre, qu’elle ne sait toujours pas faire les diminutions, et qu'en prime, elle s'est faite traiter de demeurée...

Moralité de l’histoire : la carrière de tricoteuse de la jeune cliente s’arrête là devant la menace de devoir à nouveau affronter le dragon.

Autre moralité de l’histoire : la marchande a perdu une future cliente et les amies de celle-ci qui leur racontera l’anecdote, tandis que de son côté elle se répandra en jérémiades sur les jeunes qui ne veulent plus tricoter... que de son temps blablabla !

Moralité des moralités précédentes : une nouvelle génération de tricoteuses ne demande qu'à apprendre. C'est d'ailleurs vrai pour tous les autres travaux d'aiguilles. C'est plutôt une bonne nouvelle, non ? Assurons-nous seulement de bien transmettre nos savoir-faire.

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Sweatshop

26 Février 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Billet du jour

«Sweatshop» est une téléréalité norvégienne qui envoie trois jeunes gens nés et grandis dans le confort nordique et tous fadas de mode travailler dans un atelier cambodgien.

Bien que «Sweathop» ne nous apprenne rien de nouveau sur l'origine d'une bonne part des vêtements proposés dans les boutiques de mode, ni sur les conditions de fabrication et de travail des ouvrières et des ouvriers asiatiques, bien qu’il y ait à mon goût beaucoup de larmoiements (et pas assez d’analyse), et bien que le tournage n’ait sans doute pas eu lieu dans l’atelier le plus infect, et que le tout soit savamment scénarisé selon les canons désormais bien rodés du style télé-réalité, la démonstration est éloquente si vous avez raté un épisode du Kapital de KMarx.

En cinq épisodes, voici le premier, avec l’arrivée sur place, il fait chaud, promenade au marché, on commence en douceur. Ça se corse avec les épisodes suivants. En norvégien, sous-titré en anglais.

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Encore quelques boutons...

25 Février 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Explorations textiles, #Lectures textiles, #Billet du jour

Quelle couturière n'a pas sa boîte à boutons, ceux récupérés sur de vieux vêtements, ceux achetés en vue d'un ouvrage jamais cousu, ceux trouvés dans des puces de couturières, ceux hérités d'une grand-mère... bref tous les boutons que l'on peut rencontrer dans une vie de couturière ? qu'ils soient rangés en vrac dans une boite métallique à biscuit, dans un bocal, ou triés par couleur dans plusieurs contenants. Je crois bien qu'une telle couturière n'existe tout simplement pas.

Mais aucune de nos boites à boutons ne peut égaler la collection unique au monde du Musée des arts décoratifs et qui font présentement l'objet d'une magnifique exposition, à Paris «Déboutonner la mode». On peut y voir des boutons faits de toutes sortes de matériaux, dessinés par les plus grands couturiers. On y voit que le bouton n'est pas seulement le petit objet utile pour fermer un vêtement, il orne le vêtement, il participe à sa construction ; éventuellement, il signale une époque, une opinion, un événement historique comme par exemple au moment de la Révolution française qui vit un foisonnement de création boutonnière.

Tout au long du XXe siècle, les plus grands artistes se sont appliqués à produire des boutons, comme par exemple Maurice de Vlaminck, Jean Arp, Alberto Giacometti, ce qui les a obligés à travailler des très petits formats, par rapport à leurs autres œuvres artistiques. Après une période d'accalmie qui s'est accommodée d'une production plus terne et plus fonctionnelle, c'est Jean-Paul Gaultier qui a relancé récemment la création de boutons. En clair, zip, crochet, velcro ont encore un rude concurrent qui n'a pas dit son dernier mot.

Pour voir cette magnifique exposition dans la ville rose, reste le catalogue : - Déboutonner la mode - sous la direction de Véronique Belloir - Musée des Arts décoratifs, 2014 - ISBN : 978-2-916914-54-1 - 45€

Et pour tout savoir sur l'art de collectionner les boutons.

À voir jusqu'au 19 juillet 2015 Arts décoratifs - 107, rue de Rivoli 75001 Paris

Encore quelques boutons...
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Ikats

24 Février 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Explorations textiles, #Billet du jour

Des ikats venus de l'île de Sumba, au sud de l'archipel de l'Indonésie sont actuellement exposés, d'une façon bien trop confidentielle, à Toulouse. Il faut en effet pousser la porte de l'agence de voyage Espace Asia et demander à accéder dans les salles d'exposition qui se trouvent derrière la boutique.

L'accueil y est très sympathique et on n'est vraiment pas déçu devant l'exceptionnel savoir-faire des tisserandes et des teinturiers indonésiens. Car ce sont traditionnellement les femmes qui tissent et les hommes qui préparent les fibres constituant la chaîne en ligaturant les fibres avant la teinture et qui les dénouent une fois la fibre teinte, en prévoyant à l'avance les motifs que l'on veut obtenir sur le tissu fini qui peut être bi- ou multicolore. Ce mode de teinture à réserve ligaturée sur la chaine est particulièrement sophistiqué et il est actuellement proposé au classement des techniques traditionnelles par l'Unesco.

Il faut préciser que sur cette île de Sumba, on nait, on vit et on meurt dans un ikat, il s'agit donc d'une étoffe très importante pour les habitants et très appréciée des connaisseurs.

Jusqu'au 7 mai - Gratuit Lieu : 5, rue Croix-Baragnon - tel 05 6 14 5 50

Ikats
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