Soie bouconnaise ?
Récemment, une invasion de bombyx était annoncée dans la forêt de Bouconne, où ces chenilles vont dévorer les feuilles printanières et tendres des chênes, entre avril et juillet. Donc, en ce moment, les chenilles sont en plein grignotage... miam... avant de se transformer en nymphes puis en papillons, bref le grand cycle de la vie des bombyx.
Cette pullulation, qui a été détectée dès l'automne dernier, quand les forestiers ont reconnu les pontes de Bombyx en très grand nombre sur les troncs d'arbres, revient environ tous les 10 ou 15 ans dans la même forêt, y reste en gros deux ans. Parfois l'intervalle est plus long entre deux passages : la dernière fois, c'était 1992, en forêt de Bouconne.
Donc les chenilles voraces du bombyx du chêne sortent de leur cocon. Cocon... bombyx... qui dit cocon de bombyx dit soie, non ? ne pourrait-on pas récolter de la soie en forêt de Bouconne, cela changerait des champignons ? en fait, il s'agit du bombyx disparate ((lymantria dispar), de la famille des lépidoptères (papillon) et non pas du bombyx du mûrier qui fournit habituellement la soie. Il y a bien la soie tussah qui est produite par un bombyx nourri de feuilles de chênes, mais il semblerait qu'il s'agisse d'un autre ver à soie, vivant en Asie, dit «ver à soie tussah», (anthéraea pernyi plus précisément). Il y a aussi le Saturnie du chêne du Japon, introduit en France au XIXe siècle. Bref, la famille des bombyx est vaste mais pour la soie, il faudra continuer à aller chez nos fournisseurs habituels.
Ci-dessous : une vidéo tournée en Corse où l'on voit très bien cette insatiable chenille.
Revue de presse
Des nouvelles du monde textile, ici et là...
- Peut-on conjuguer vie politique et couture ou comment être couturière et cheffe coutumière ? un billet de notre savant confrère le blog du Museum de Toulouse.
- Pliez le monde en quatre... avec l'origami textile.
Textiles du VAM
Le Victoria and Albert Museum de Londres possède une remarquable collection de tissus d'ameublement, tant des tapisseries médiévales, des broderies de la Renaissance, des tissus indiens ou venus d'autres contrées de l'Empire britannique que des tissus sortis des ateliers des designers de notre XXIe siècle puisque ses collections s'enrichissent continuellement. Il fait partie de ces musées nés sous l'impulsion des grandes expositions universelles du XIXe siècle, vitrines mondiales du savoir-faire industriel et manufacturier.
Dans le livre «Couleurs et motifs dans l'art textile», c'est une infime partie des collections du VAM que l'on retrouve, mais très bien présentée car chaque textile est reproduit sur plus d'une page, donc bien visible, complété par une grille des couleurs et une brève notice consacrée au créateur, au motif ou aux techniques de production du textile représenté.
Ce livre se veut un outil de travail pour les créateurs, les amateurs, notamment avec ses palettes de couleurs qui présentent de multiples associations et qui sont étalonnées selon la codification internationale des coloris CMYK (Cyan Magenta Yellow Black). Par ailleurs chaque textile représenté dans cet ouvrage est accompagné de son numéro d'inventaire qui permet de le retrouver dans les collections du musée, sur place ou en ligne. Voilà donc un livre qui conjugue les qualités d'un beau livre d'art avec celles d'un remarquable outil de travail.
- Disponible dans toutes les bonnes librairies.
Mercredi bleu
Petit rappel : pensez à bien réserver votre fin d'après-midi du mercredi 29 mai, à 18h30, pour assister à la conférence que donneront Dominique Cardon et Delphine Talbot à l'Hôtel d'Assézat. La première est directrice de recherche émérite CNRS, la seconde dirige l'Institut supérieur Couleurs Images Design à l'Université Toulouse2 et elles nous parleront du «Bleu, de l'Occident à l’Extrême Orient» dans le cadre du «Fil bleu» organisé par l'association Aux Couleurs du monde.
Le dernier livre publié par Dominique Cardon reprend les plus anciens ensembles connus de recettes de teintures de draps de laine, telles qu'établies par Antoine Janot, maître teinturier occitan (de 1700 à 1778). On y découvre au passage que les couleurs, leur production, leur qualité faisaient l'objet d'une très étroite surveillance sous l'Ancien régime. Dominique Cardon reprend tout cela, à l'aune des connaissances que nous avons acquises depuis cette époque sur les couleurs.
Quant à Delphine Talbot, elle enseigne les techniques de teinture végétale, de design matières et couleurs pour des conceptions contemporaines et intervient à ce titre en design, en scénographie et pour différents projets artistiques. Elle a exposé son travail en France et au Japon.
Donc, ce sont deux grandes figures de la couleur que nous pourrons écouter mercredi prochain.
- Où : Salle Clémence Isaure - Hôtel d'Assézat - rue de Metz - 31000 Toulouse
L'entrée est gratuite, donc aucune excuse ! - Pour trouver toute la bibliographie de Dominique Cardon, c'est ici...