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Tata-Georgette

Mohair d'hiver

17 Décembre 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Explorations textiles, #Lectures textiles, #Billet du jour

Quelque part en Ariège, vit un troupeau de chèvres angora. Menées par deux jeunes éleveurs passionnés, Loïc et Pauline, ces chèvres fournissent une toison remarquable, le mohair.

Cette fibre douce, très isolante et extrêmement légère est ensuite traitée, c'est-à-dire triée, nettoyée, filée, teinte, conditionnée, transformée, par une coopérative d'éleveurs français. La filière «mohair» représente à peine 1% de la production mondiale de fibres naturelles, et en France, encore moins. Il faut dire que cette race de chèvre, très ancienne a pendant longtemps été confinée sur les rudes plateaux anatoliens où elle s'était très bien adaptée au climat impitoyable de cette contrée. Elle n'est arrivée en Europe occidentale qu'au cours des années 1980. Est-ce que le climat des contreforts pyrénéens est aussi mordant ? Toujours est-il que la laine fournie par ces chèvres espiègles est d'excellente qualité.

J'avais assisté cet été à la tonte qui a lieu deux fois par an, en août puis ensuite en février. Autant dire que maintenant, courant décembre, les chèvres ont retrouvé une belle épaisseur de toison. Je ne sais pas pourquoi j'ai tant attendu pour publier ce billet, peut-être ai-je attendu le froid qui ne vient pas car l'hiver est à peine automnal. Mais enfin, ce matin, m'est venu une subite envie de douceur. Pour voir les beaux lainages proposées par la Ferme du mohair, il faut aller sur place où on trouve un très beau choix de pelotes de laines à tricoter et aussi de produits finis en maille (pulls, chaussettes, bonnets, écharpes et tricots divers) ou tissés comme de très belles étoles, des châles. Tout cela si douillet. On peut aussi se procurer ces articles dans une belle boutique en ligne.

Pour les amatrices de tricot main, il est préférable de tricoter avec des aiguilles assez épaisses pour que la fibre garde tout son gonflant. Le mohair se prête très bien à toutes sortes de mailles fantaisies, dont celles très aériennes de la dentelle Shetland, telle qu'elle est fort bien expliquée dans le livre d'Élisabeth Lovick «La Magie de la dentelle Shetland au tricot» publié par les Éditions de Saxe.

Pour y aller : c'est en Ariège, à Camarade. Lieu dit «Ferme du moulis». On peut y passer une belle journée et en profiter pour faire une belle excursion car la ferme est proche du Mas d'Azil.

ill. En cours de tonte, après la tonte, couverture de la Magie de la dentelle Shetland

Mohair d'hiver
Mohair d'hiver
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Pétitionons !

9 Décembre 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Musées, #Billet du jour

Il n'y a pas que les bombes qui détruisent des œuvres d'art, comme à Palmyre. Il a aussi la négligence, l'incurie, les conflits d'intérêts et d'autres petites choses mesquines qui risquent de provoquer la disparition du Musée des Tissus de Lyon qui est juste le plus grand musée au monde consacrée uniquement au textile.

Depuis un certain temps, la CCI de Lyon, propriétaire du musée, la Ville de Lyon, le Ministère de la Culture et quelques autres partenaires se renvoient la balle pour décider du sort du Musée des tissus.

Ce musée fondé en 1856, connu dans le monde entier, représente le patrimoine textile de la France avec plus de deux millions et demi de pièces venues du monde entier ; il retrace 4 500 ans d'histoire du textile, tant technique qu'artistique. Il abrite également une bibliothèque, un centre d'étude du textile ancien, des ateliers de restauration et d'expertise. Enfin, parmi ses missions, il reçoit de nombreux industriels, designers, artistes du domaine textile pour lesquels il constitue une source inégalée d'inspiration et de recherche. Sans compter que c'est un plaisir fantastique de le visiter chaque fois qu'on va à Lyon.

Donc, je vous invite à signer la pétition envoyée à Madame Pellerin, Ministre de la Culture pour protester contre cet abandon. Pétitionons donc et faisons aussi circuler l'information autour de nous afin d'éviter ce désastre. À moins qu'il ne soit vendu à Dubaï, avec trois joueurs de foot pour faire bon poids ?

Ill. Blaireau au clair de lune, broderie 1896 Japon, tout simplement merveilleux.

Autre billet sur le Musée des Tissus de Lyon
Pétitionons !
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Timbre textile

8 Décembre 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Billet du jour

On n'envoie plus beaucoup de lettres par la poste. Mais enfin, si cela vous arrive en cette période de fin d'année où on aime bien envoyer et recevoir de jolies cartes de vœux, autant coller un beau timbre sur l'enveloppe.

Voici un timbre consacré à un art textile, ce qui est plutôt rare. Il a été édité début novembre par La Poste à l'occasion du 350e anniversaire de la création de la Manufacture Royale de tapisseries d'Aubusson par Colbert.

Pour l'illustrer, deux tapisseries ont été choisies, la première tissée au XVIIe siècle «Le Sacrifice d'Abraham» d'après un carton d'Isaac Moillon ; la deuxième œuvre est récente puisqu'il s'agit de la «Peau de Licorne» de Nicolas Buffe, tissée en 2010 afin de souligner la continuité de cette grande tradition tapissière.

Attention, il s'agissait d'un tirage limité à 400 000 exemplaires, mais peut-être en reste-t-il encore dans votre bureau de poste préféré.

Timbre textile
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Habits neufs

3 Décembre 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

«Simplicie allait riposter, quand la porte s'ouvrit, et M. Gargilier entra avec un tailleur qui apportait à Innocent des habits neufs et un uniforme de pensionnaire. Il fallait les essayer ; ils allaient parfaitement... pour la campagne ; dans la prévision qu'il grandirait et grossirait, M. Gargilier avait commandé la tunique très longue, très large ; les manches couvraient le bout des doigts, les pans de la tunique couvraient les chevilles ; on passait le poing entre le gilet et la tunique boutonnés. Le pantalon battait les talons et flottait comme une jupe autour de chaque jambe ; Innocent se trouvait superbe. Simplicie était ravie, M. Gargilier était satisfait, le tailleur était fier d'avoir si bien réussi. Tous les habits étaient confectionnés avec la même prévoyance et permettaient à Innocent de grandir d'un demi-mètre et d'engraisser de cent livres.

Simplicie fut appelée à son tour pour essayer les robes que sa bonne lui avait faites avec d'anciennes robes de grande toilette de Mme Gargilier ; l'une était en soie brochée grenat et orange ; l'autre en popeline à carreaux verts, bleus, roses, violets et jaunes ; les couleurs de l'arc-en-ciel y étaient fidèlement rappelées ; deux autres, moins belles, devaient servir pour les matinées habillées ; l'une en satin marron et l'autre en velours de coton bleu ; le tout était un peu passé, un peu éraillé, mais elles avaient produit un grand effet dans leur temps, et Simplicie, accoutumée à les regarder avec admiration, se trouva heureuse et fière du sacrifice que lui en faisait sa mère ; dans sa joie, elle oublia de la remercier et courut se montrer à son frère, qui ne pouvait se décider à quitter son uniforme.»

Même si on n'est pas spécialiste du costume du XIXe siècle, on ne peut que sourire du ridicule de ces accoutrements qui étaient soit trop grands et mal cousus, soit inappropriés pour une fillette. Si vous voulez savoir quel sort attend ces deux enfants ainsi fagotés, retrouvez-les dans «Les Deux nigauds» de ma chère Comtesse de Ségur (née Rostopchine), qui m'agace et m'amuse à la fois.

Dans les musées on trouve assez peu de vêtements pour enfants car ils étaient souvent faits dans d'anciens vêtements pour adultes, donc déjà un peu usés, puis on les passait successivement à tous les membres d'une fratrie, et en général, il n'en restait plus grand chose après une vie si mouvementée. Les seules pièces qu'on ait en nombre relativement important, ce sont les vêtements de bébé, en particulier les robes de baptême qui n'étaient portées qu'une seule journée par chaque enfant, les vêtements de cérémonie. Mais quasiment pas d'uniforme de pensionnaires, de vêtements d'enfants du peuple.

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