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Tata-Georgette

Habits neufs

3 Décembre 2015 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

«Simplicie allait riposter, quand la porte s'ouvrit, et M. Gargilier entra avec un tailleur qui apportait à Innocent des habits neufs et un uniforme de pensionnaire. Il fallait les essayer ; ils allaient parfaitement... pour la campagne ; dans la prévision qu'il grandirait et grossirait, M. Gargilier avait commandé la tunique très longue, très large ; les manches couvraient le bout des doigts, les pans de la tunique couvraient les chevilles ; on passait le poing entre le gilet et la tunique boutonnés. Le pantalon battait les talons et flottait comme une jupe autour de chaque jambe ; Innocent se trouvait superbe. Simplicie était ravie, M. Gargilier était satisfait, le tailleur était fier d'avoir si bien réussi. Tous les habits étaient confectionnés avec la même prévoyance et permettaient à Innocent de grandir d'un demi-mètre et d'engraisser de cent livres.

Simplicie fut appelée à son tour pour essayer les robes que sa bonne lui avait faites avec d'anciennes robes de grande toilette de Mme Gargilier ; l'une était en soie brochée grenat et orange ; l'autre en popeline à carreaux verts, bleus, roses, violets et jaunes ; les couleurs de l'arc-en-ciel y étaient fidèlement rappelées ; deux autres, moins belles, devaient servir pour les matinées habillées ; l'une en satin marron et l'autre en velours de coton bleu ; le tout était un peu passé, un peu éraillé, mais elles avaient produit un grand effet dans leur temps, et Simplicie, accoutumée à les regarder avec admiration, se trouva heureuse et fière du sacrifice que lui en faisait sa mère ; dans sa joie, elle oublia de la remercier et courut se montrer à son frère, qui ne pouvait se décider à quitter son uniforme.»

Même si on n'est pas spécialiste du costume du XIXe siècle, on ne peut que sourire du ridicule de ces accoutrements qui étaient soit trop grands et mal cousus, soit inappropriés pour une fillette. Si vous voulez savoir quel sort attend ces deux enfants ainsi fagotés, retrouvez-les dans «Les Deux nigauds» de ma chère Comtesse de Ségur (née Rostopchine), qui m'agace et m'amuse à la fois.

Dans les musées on trouve assez peu de vêtements pour enfants car ils étaient souvent faits dans d'anciens vêtements pour adultes, donc déjà un peu usés, puis on les passait successivement à tous les membres d'une fratrie, et en général, il n'en restait plus grand chose après une vie si mouvementée. Les seules pièces qu'on ait en nombre relativement important, ce sont les vêtements de bébé, en particulier les robes de baptême qui n'étaient portées qu'une seule journée par chaque enfant, les vêtements de cérémonie. Mais quasiment pas d'uniforme de pensionnaires, de vêtements d'enfants du peuple.

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