Mettre en charpie
Un stage «effilochage» ! quelle drôle d’idée ont eu nos amies de l’association Pénélopée en proposant un tel stage.
Il y a un siècle, l’effilochage était un devoir civique pratiqué dans quasiment toutes les écoles de France car il fallait fournir les hôpitaux militaires en charpie pour panser les plaies des soldats blessés au front. Pour cela on utilisait plutôt des linges un peu usés mais pas trop qui permettaient de faire une charpie plus souple, plus absorbante sur les différents suintements des plaies. Et surtout des linges blancs, n’ayant jamais subi de teinture pour ne pas provoquer d’irritation supplémentaire. On déchirait des tissus de lin, de coton, ou de chanvre en bandelettes d’une vingtaine de centimètres pour faire des mèches. Puis, éventuellement, pour faire des pansements, on effilochait encore plus finement et on reconstituait une sorte de matelas avec les fibres placées en tous sens, comme on le ferait pour un feutrage afin d'en faire des sortes de tampons. Il y avait d’ailleurs plusieurs formes de charpies selon l’usage auquel les chirurgiens les destinaient.
À la suite des travaux de Claude Pouteau, chirurgien à Lyon au XVIIIe siècle, l'usage de la charpie s’est développée tout au long du XIXe siècle pour remplacer toutes sortes d’onguents et de pommades dont on tartinait auparavant les blessés. L'époque la plus glorieuse de la charpie fut la guerre de 1914-1918, avant que ne se développent les textiles médicaux produits par l’industrie.
Outre les jeans effilochés que l’on rencontre désormais souvent dans la rue, effilochés non pas par l’usure, mais dès la fabrication, cette technique de réemploi du textile est explorée de nos jours par de nombreux artistes textiles comme Machiko Agano.
C’est plutôt dans cette voie artistique que Pénélopée va vous emmener ce weekend, et non pas pour produire du pansement...
Voilà, la prochaine fois que vous trouverez un petit tas de charpie qui obstrue le filtre de la machine à laver, vous saurez quoi en faire !
Source des illustrations : Les Petites mains, histoire de mode enfantine et : Textile Art Center
Journée sans tabac
Toutes les personnes qui essaient de rompre avec la cigarette rencontrent un gros problème : comment occuper des doigts qui auparavant étaient occupés à tenir la cigarette.
Une solution : apprendre à tricoter. Cela occupe les dix doigts qui travaillent tous, et tous à une fonction différente. De plus on compte les points, donc on n’a pas le temps de penser à sa petite clope chérie – mais interdite. Et en plus, le tricot est apaisant et zen.
Bref, on devrait coupler la Journée mondiale sans tabac à une journée mondiale du tricot.
Textiles japonais
Treize créateurs textiles européens participent à l’exposition «Regards sur la culture vestimentaire japonaise». Les Japonais, qui ont poussé très loin le raffinement du vêtement classent l’habillement en tête des trois choses essentielles à la vie, suivi de la nourriture et de l’habitation. Les vêtements des créateurs contemporains présentés ici, dont Anne-Laure Coullomb, Cécile Feilchenfeldt, Marie-Hélène Guelton, Pietro Seminelli, Aboubakar Fofona, Textiles Zentrum Haslach, Ysabel de Maisonneuve, Luc Druez, sont inspirés de l’art et de la littérature japonaise et sont présentés conjointement avec des vêtements anciens.
À Albi, au Musée Toulouse-Lautrec, on avait eu une idée du raffinement du vêtement traditionnel japonais, il y a trois ans, lors de l’exposition «Ukiyo-e, les maîtres de l'estampe japonaise» qui présentait la collection du Musée Isago no Sato de Kawasaki, avec des œuvres des plus grands artistes des XVIIIe et XIXe siècle (Hokusaï, Hiroshige Utamaro, Toyokuni, etc). Ces «images du monde flottant» montrent les plaisirs de la vie, dans toutes les classes de la société japonaise et on pouvait y voir de façon détaillée, entre autres choses, la variété et le raffinement des vêtements japonais. Si vous avez raté cette exposition, il est toujours possible de visiter l’exposition virtuelle de la BNF «Images du monde flottant» et la riche collection des estampes japonaises.
Également en ce moment, le travail de trente artistes textiles japonais fait l’objet de la belle exposition parisienne «Fiber futures». Le «fiber art» est encore souvent considéré en France comme une sorte de sous-catégorie artistique à mi-chemin entre un artisanat baba-cool et un loisir féminin, autant dire rien de vraiment sérieux, en dépit des œuvres de Louise Bourgeois ou Annette Messager qui ont complètement intégré le textile dans leur production de sculpture, ou plus largement du collectif très actif «Fiber Art Fever» (français en dépit de son nom anglais...). Au Japon c’est une forme d’art à part entière, quelle que soit la fibre travaillée ou les techniques mises en œuvre et à laquelle les plus grands noms de l’art japonais ne dédaignent pas de se frotter.
Regards sur la culture vestimentaire japonaise – du 26 mai au 6 juin 2015 – Galerie Mingei – 5, rue Visconti – 75006 Paris
Fiber futures – du 6 mai au 11 juillet 2015 – Maison de la culture du Japon à Paris – 101bis, quai Branly – 75015 Paris - entrée libre
illustration : kimono Kirishigure de Marie-Hélène Guelton inspiré par un haiku du journal de voyage «Nozarashi Kiko» du poète Bashô : «Le jour où le mont Fuju est ivisible par la brume de pluie est aussi savoureux».
De l’usage au recyclage : concours
Recycler est à la mode, et peut-être n'est-ce pas une mode mais une tendance de fond. Le dire, c'est déjà bien, le faire, c'est beaucoup mieux. En tout cas, l'école de couture Double Boucle organise un concours de création en textiles recyclés, ouvert à tous. que l'on soit amateur ou professionnel, dans le but de créer un vêtement / accessoire / mobilier en recyclant des textiles au moyen des techniques textiles classiques (couture, tricot, crochet, etc.)
Pour s'y inscrire, le dossier d'inscription est disponible sur le site de Double Boucle, avant le 5 juin. Le jury sélectionnera l'objet recyclé qu'il préfère le 27 juin. À noter que les cadeaux pour les gagnants ont tout pour séduire des amatrices et amateurs de loisirs textiles : machine à coudre, lot de mercerie, lots de tissus.