billet du jour
Odeurs du temps
«A-t-on perdu le sens de l’odorat ? Le silence olfactif de notre environnement désodorisé est récent : il résulte de la révolution perceptive qui a eu lieu entre 1750 et 1880 en Europe (Alain Corbin). Les odeurs ont pourtant une histoire : chaque société possède sa manière de sentir, de percevoir le monde, en rapport avec un système de représentations singulier. Pour appréhender la culture olfactive, dépaysante, des mondes anciens, l’historien interprète les traces, évanescentes et éparses, laissées par les données sensibles, à la lumière de l’anthropologie et de la littérature.»
C'est ce que nous explorerons avec Jean-Pierre Albert, Adeline Grand-Clément et Isabelle Serca lors de la conférence « Odeurs du temps, volutes d’encens : histoire, anthropologie et littérature en résonance» qu'ils donneront au Quai des savoirs, le samedi 20 mai 2017, à 10h30.
Un sens idéalisé
Avec les mains, on peut faire toutes sortes de choses, pas seulement tricoter ou coudre. Marie-Christine Hauet s'en sert pour masser et enseigner l'art du massage : «La main et le touché sont associés à de nombreuses croyances, notamment de type «thérapeutique». La connaissance du corps humain a beaucoup évolué depuis l’antiquité surtout au cours du siècle dernier. De nos jours, certaines approches du massage continuent de véhiculer des visions du corps humain qui sont problématiques. Sortir de ces croyances et illusions, souvent utilisées par des charlatans et des profiteurs de la crédulité, exige une approche rationnelle du corps et de l’individu, et de distinguer les notions de bien-être, de thérapie et de développement personnel.»
C'est la substance de la conférence «Histoire du toucher : un sens idéalisé» qu'elle donnera mercredi 3 mai à 20h30 - à la Maison de la Philosophie - 29, rue de la Digue 31300 Toulouse - (entrée 4€)
Élégances théâtrales
Vous autres, pauvres humains du XXIe siècle qui allez désormais au théâtre en jean et T-shirt, allez de toute urgence prendre une leçon d'élégance à Labastide-Rouairoux.
Vous y découvrirez qu'au XIXe siècle, le spectacle n'était pas seulement sur la scène du théâtre, mais aussi dans la salle. Toute la bonne société s'y rendait parée de ces plus beaux atours. Ce phénomène ne touchait pas seulement les grandes capitales, mais aussi les villes de province où les théâtres se multiplient, comme Castres ou Albi «où il est de bon ton pour la bonne société de se montrer, [...] pour assister aux représentations théâtrales ou musicales.»
C'est cette ambiance mondaine et festive que retrace l'exposition du Musée départemental du textile de Labastide-Rouairoux «grâce à de nombreux prêts de costumes, décors et accessoires par les musées Goya de Castres, Urbain Cabrol de Villefranche de Rouergue et de collectionneurs particuliers. Tous les métiers du spectacle (décorateur, dessinateur, costumier, brodeur, plumassier…) sont présentés. Deux cantatrices régionales, Emma Calvé et Henriette Baretti, ayant eu une carrière internationale, sont mises à l’honneur.»
Cette exposition donne le la du thème exploré cette année par le Musée départemental du textile : le spectacle, non seulement du côté des acteurs, chanteurs, danseurs, mais aussi du côté des spectateurs.
du 29 avril au 30 novembre 2017
Musée départemental du Textile - Rue de la Rive - 81270 Labastide-Rouairoux
Tél. : 05 63 98 08 60 - musee.textile@tarn.fr
Customiser
«Le négoce du fret ne suffisait plus, à lui seul, à écouler les laines castillanes pour un prix rémunérateur. [...] Cipriano Salcedo eut un jour l'idée soudaine d'ennoblir un vêtement aussi populaire et aussi modeste que la pelisse. Une vareuse bonne pour la garde des moutons [...] pouvait être transformée, moyennant trois brèves retouches, en habit pour les classes plus aisées. Le succès, comme il est de règle dans le monde de la mode, dépendait de l'inspiration, du coup de génie : dans le cas présent, il suffisait de rompre l'aspect uniforme du dos et des fonds de manches par d'audacieux empiècements. [...] un vêtement protecteur réservé aux paysans acquérait un charme urbain indéfinissable qui allait aux dames et aux messieurs.»
Cette «customisation» est plutôt étrange car, au XVIe siècle, les modes «descendaient» les classes sociales : de l'aristocratie, un type de vêtement, d'arrangement du vêtement ou d'accessoire de mode était ensuite imité par les bourgeois puis par les gens de métiers, puis pour finir par le tout venant. À ce moment-là, il était définitivement démodé. Ainsi de la fraise : quand les cordonniers se sont mis à porter la fraise, il y a belle lurette que la mode en était passée dans l'aristocratie qui était passée à autre chose. Et pour autant que je sache, un vêtement de travail du petit peuple (équivalent du blue jean) ne pouvait pas prétendre habiller les citadins quelque peu aisés. Mais peut-être y eut-il quelques exceptions dont cette pelisse, à moins que ce ne soit une invention romanesque.
Quoiqu'il en soit, le négoce de la laine tient une bonne place dans «L'Hérétique» de Miguel Delibes, bien que ce ne soit pas le sujet principal de ce roman largement inspiré des faits historiques relatifs à l'éradication de la Réforme dans l'Espagne du milieu du XVIe qui fut aussi un temps de controverses et de doutes.
Delibes Miguel - L'Hérétique - roman historique traduit de l'espagnol - Verdier, 2000.
Dans toutes les bonnes bibliothèques, librairies, etc.