citations textiles
Bas-fonds
«Les habits de mariage avaient été commandés à deux soeurs, tailleuses du hameau de Chikâlovo, qui étaient de la secte des flagellants. Elles vinrent à plusieurs reprises essayer, demeurant chaque fois longtemps à boire du thé. Elles firent à Varvâra une robe cannelle, ornée de dentelles noires et de jais, et à Akssînia une robe vert clair, avec un devant jaune et une traîne. Lorsqu’elles eurent fini, Tsyboûkine ne les paya pas en argent, mais en marchandises de sa boutique. Elles partirent chagrines, tenant sous le bras des paquets de bougie et des boîtes de sardines, dont elles n’avaient que faire. Sorties d’Oukléevo, et arrivées dans les champs, elles s’assirent sur une motte et se mirent à pleurer.
Anîssime revint trois jours avant la noce, tout habillé de neuf. Il avait des caoutchoucs luisants, une cordelière à boules en guise de cravate, et sur les épaules un pardessus jeté sans que les manches fussent passées.»
Extrait de «Dans le bas-fonds» d'Anton Tchekhov
Vos prochains rendez-vous textiles
à Toulouse et dans la région...
Rappel des consignes...
En ces temps de soldes, il est bon de réfléchir à quelques consignes doctement élaborées par Honoré de Balzac dans son «Traité de la vie élégante». En voilà un qui aurait fait un excellent blogueur !
[...] L'élégance veut impérieusement que les moyens soient appropriés au but. De ce principe dérivent deux autres aphorismes qui en sont la conséquence immédiate. L'homme de goût doit toujours savoir réduire le besoin au simple. Il faut que chaque chose paraisse ce qu'elle est. La prodigalité des ornements nuit à l'effet.
[...] L'incurie de la toilette est un suicide moral.
[...] La brute se couvre, le riche ou le sot se parent, l'homme élégant s'habille.
C'était en 1830, mais c'est toujours d'actualité. Bonnes soldes !
Vêtements
«Vêtements
Tu enlèves, nous enlevons, vous enlevez
manteaux, jaquettes, vestes, chemisiers
en laine, coton, acrylique,
jupes, pantalons, chaussettes, chemisettes,
posant, suspendant, accrochant aux
dossiers des chaises, panneaux des paravents,
pour l'instant, dit le médecin, ce n'est pas grave,
rhabillez-vous, reposez-vous, partez,
prendre au cas où, le soir, après le repas,
revenez dans trois mois, un an, un an et demi,
tu vois, et tu croyais, en nous on avait peur,
et vous imaginiez, et il soupçonnait déjà,
il est temps de nouer, boutonner les mains tremblantes,
lacets, boutons, zips, boucles et agrafes,
ceintures, fermoirs, cols et cravates,
et tirer des manches, des sacs, des poches,
froissée, à pois, à rayures, à fleurs, à carreaux,
l'écharpe, dont l'utilité vient d'être prolongée.»
Comme souvent dans son œuvre, Prix Nobel de littérature en 1996) a été traduite en français, bien qu'elle fut elle-même fut une grande traductrice du français vers le polonais.
sait admirablement rendre insolites et pesantes les situations les plus banales, car leur banalité masque parfois de grandes inquiétudes. Une partie seulement de l'œuvre de (On trouve actuellement en librairie :
- Je ne sais quelles gens (1997)11 incluant le discours prononcé devant l'Académie Nobel et des extraits de Sel (Sól) - 1962,
- L'Appel au Yeti (Wołanie do Yeti) - 1957,
- Cent blagues (Sto pociech) - 1967,
- Le Cas où (Wszelki wypadek) - 1972,
- Un Grand Nombre (Wielka liczba) - 1976,
- Les Gens sur le pont (Ludzie na moście) - 1986,
- La Fin et le Commencement (Koniec i początek) - 1993,
- Vue avec un grain de sable (Widok z ziarnkiem piasku) - 1996.
Bonne lecture !
Diabolo menthe
«Je me suis installé à la terrasse du Roi du café. J'ai commandé un diabolo menthe. Le serveur a eu un sourire dont je n'ai compris le sens que lorsqu'il eut déposé la boisson sur la table : elle avait la même couleur que mon costume.»
Il est beaucoup question de ce costume vert dans le roman d'Alain Mabanckou, écrivain franco-congolais «Tais-toi et meurs» dont le personnage principal est un sapeur qui pratique assidûment les règles et codes de la Société des ambianceurs et personnes élégantes de la diaspora congolaise à Paris.
Les sapeurs portent traditionnellement trois couleurs mais une nouvelle tendance émerge à Paris, l'association de quatre couleurs, puisque nous vivons dans un pays qui compte quatre saisons, ce qui ne manquera pas de créer une nouvelle sission dans le mouvement de la sape que de nombreux pratiquants considèrent comme un art à part entière.
Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone à l'Université de Los Angeles et il vient d'être nommé professeur au Collège de France. Y-arrivera-t-il sapé pour sa leçon inaugurale à la chaire de création artistique, le 17 mars - dont le sujet sera De la littérature coloniale à la littérature «négro-africaine» ?
Mabanckou Alain - Tais-toi et meurs - Éditions La Branche, 2012