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Tata-Georgette

citations textiles

Ourlet

27 Mai 2017 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

«Il y avait une douzaine de très belles nappes dans un placard, au fond du couloir, et l’une d’elles servit de linceul [...]. Alice se porta volontaire pour le coudre mais fondit en larmes – ses nerfs, ou ses talents de couturière, s’avérant ne pas être à la hauteur de la tâche. Tom prit le relais, tendant bien te tissu, doublant l’ourlet, le cousant à gestes rapides, presque professionnels. Clay avait l’impression de voir un boxeur entrainer sa main droite contre un punching-ball invisible.»*

Je ne sais pas si on coud encore les linceuls, mais ce qui est sûr, c'est que l'ourlet, souvent présenté comme le b-a-ba de la couture demande une certaine dextérité. La précision «doublant l'ourlet» m'intrigue : s'agirait-il d'une couture anglaise ? auquel cas, Stephen King, en plus d'être le maître du suspens, serait également un pro de la couture ?

En tout cas, vous pouvez aussi réserver votre place dans un des ateliers de Tata Georgette par sms, via votre téléphone portable, tant qu'il fonctionne encore normalement...

*Extrait de «Cellulaire» de Stephen King publié chez Albin Michel en 2006

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Customiser

26 Avril 2017 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

«Le négoce du fret ne suffisait plus, à lui seul, à écouler les laines castillanes pour un prix rémunérateur. [...] Cipriano Salcedo eut un jour l'idée soudaine d'ennoblir un vêtement aussi populaire et aussi modeste que la pelisse. Une vareuse bonne pour la garde des moutons [...] pouvait être transformée, moyennant trois brèves retouches, en habit pour les classes plus aisées. Le succès, comme il est de règle dans le monde de la mode, dépendait de l'inspiration, du coup de génie : dans le cas présent, il suffisait de rompre l'aspect uniforme du dos et des fonds de manches par d'audacieux empiècements. [...] un vêtement protecteur réservé aux paysans acquérait un charme urbain indéfinissable qui allait aux dames et aux messieurs.»

Cette «customisation» est plutôt étrange car, au XVIe siècle, les modes «descendaient» les classes sociales : de l'aristocratie, un type de vêtement, d'arrangement du vêtement ou d'accessoire de mode était ensuite imité par les bourgeois puis par les gens de métiers, puis pour finir par le tout venant. À ce moment-là, il était définitivement démodé. Ainsi de la fraise : quand les cordonniers se sont mis à porter la fraise, il y a belle lurette que la mode en était passée dans l'aristocratie qui était passée à autre chose. Et pour autant que je sache, un vêtement de travail du petit peuple (équivalent du blue jean) ne pouvait pas prétendre habiller les citadins quelque peu aisés.  Mais peut-être y eut-il quelques exceptions dont cette pelisse, à moins que ce ne soit une invention romanesque.

Quoiqu'il en soit, le négoce de la laine tient une bonne place dans «L'Hérétique»  de Miguel Delibes,  bien que ce ne soit pas le sujet principal de ce roman largement inspiré des faits historiques relatifs à l'éradication de la Réforme dans l'Espagne du milieu du XVIe qui fut aussi un temps de controverses et de doutes.

Delibes Miguel - L'Hérétique - roman historique traduit de l'espagnol - Verdier, 2000.
Dans toutes les bonnes bibliothèques, librairies, etc.

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Uniforme professionnel

27 Janvier 2017 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

Dans l'hôtellerie et la restauration, l'uniforme de service doit être un vêtement pratique, adapté à la fonction de la personne qui le porte, solide pour résister à un usage quotidien. Il doit refléter l'image que l'entreprise souhaite donner auprès de ses clients, être facile à identifier par ceux-ci, suivre les tendances de la mode et rester élégant en toutes circonstances. Bref, pas facile à choisir... à défaut d'uniforme, un dress-code précise à chacun quelle tenue adopter pour exercer ses fonctions.

«Le matin de son deuxième jour de travail, Ernest avait emmené Jacob à l’atelier de couture installé dans l’ancien Hôtel des Bains qui avait cessé son activité au début du siècle. Cette dépendance assez délabrée était située à deux cents mètres de l’hôtel et n’en était pas visible. C’était là que vivaient les saisonniers, qu’était aménagée la lingerie, que se trouvait la garde-robe où étaient entreposées toutes sortes de vêtements qui, éternellement, défaits, retouchés et recousus, avaient servi de tenue de  travail à des générations de serveurs et de femmes de chambre et continueraient de le faire.. Tandis que ces derniers se succédaient à un rythme rapide, les tabliers, blouses et chemises sur leur étagère et les pantalons et vestes pendus à leurs cintres attendaient avec flegme d’être réanimés par de nouveaux corps jeunes et agiles qui allaient, pour un temps plus ou moins long, leur redonner à nouveau cher et vie.»

Extrait de «Un garçon parfait» d’Alain Claude Sulzer,
édité par Jacqueline Chambon en 2008.

 

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Panne...

22 Octobre 2016 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour

Imaginez : la machine à laver vous lâche ; aussitôt des cauchemars vous assaillent...

«... comme la laveuse se lamentait, craignant de ne pouvoir mettre couler le jour même, elle voulut bien lui donner le linge sale tout de suite. Elles allèrent chercher les paquets dans la pièce de gauche où couchait Étienne, et revinrent avec des brassées énormes, qu'elles empilèrent sur le carreau, au fond de la boutique. Le triage dura une grosse demi-heure. Gervaise faisait des tas autour d'elle, jetait ensemble les chemises d'homme, les chemises de femme, les mouchoirs, les chaussettes, les torchons. Quand une pièce d'un nouveau client lui passait entre les mains, elle la marquait d'une croix au fil rouge pour la reconnaître. Dans l'air chaud, une puanteur fade montait de tout ce linge sale remué.»

[...]

Gervaise, qui voulait se débarrasser de madame Bijard, appela Clémence, lui fit compter le linge pendant qu'elle l'inscrivait. Alors, à chaque pièce, cette grande vaurienne lâcha un mot cru, une saleté ; elle étalait les misères des clients, les aventures des alcôves, elle avait des plaisanteries d'atelier sur tous les trous et toutes les taches qui lui passaient par les mains. Augustine faisait celle qui ne comprend pas, ouvrait de grandes oreilles de petite fille vicieuse. Madame Putois pinçait les lèvres, trouvait ça bête, de dire ces choses devant Coupeau ; un homme n'a pas besoin de voir le linge ; c'est un de ces déballages qu'on évite chez les gens comme il faut. Quant à Gervaise, sérieuse, à son affaire, elle semblait ne pas entendre. Tout en écrivant, elle suivait les pièces d'un regard attentif, pour les reconnaître au passage; et elle ne se trompait jamais, elle mettait un nom sur chacune, au flair, à la couleur. Ces serviettes-là appartenaient aux Goujet ; ça sautait aux yeux, elles n'avaient pas servi à essuyer le cul des poêlons. Voilà une taie d'oreiller qui venait certainement des Boche, à cause de la pommade dont madame Boche emplâtrait tout son linge. Il n'y avait pas besoin non plus de mettre son nez sur les gilets de flanelle de M. Madinier, pour savoir qu'ils étaient à lui ; il teignait la laine, cet homme, tant il avait la peau grasse. Et elle savait d'autres particularités, les secrets de la propreté de chacun, les dessous des voisines qui traversaient la rue en jupes de soie, le nombre de bas, de mouchoirs, de chemises qu'on salissait par semaine, la façon dont les gens déchiraient certaines pièces, toujours au même endroit. Aussi était-elle pleine d'anecdotes. Les chemises de mademoiselle Remanjou, par exemple, fournissaient des commentaires interminables ; elles s'usaient par le haut, la vieille fille devait avoir les os des épaules pointus ; et jamais elles n'étaient sales, les eût-elle portées quinze jours, ce qui prouvait qu'à cet âge-là on est quasiment comme un morceau de bois, dont on serait bien en peine de tirer une larme de quelque chose. Dans la boutique, à chaque triage, on déshabillait ainsi tout le quartier de la Goutte-d'Or.»

 

Pourquoi fallait-il relire L'Assomoir de Zola, précisément à ce moment-là ?

 

Vos prochains rendez-vous textiles
à Toulouse et dans la région...

 

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