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Tata-Georgette

Revue de presse...

18 Octobre 2020 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Revue de presse, #Billet du jour

Deux revues sur le podium cette semaine... bien qu'elles m'aient un peu laissée sur ma faim, car elles traitent assez rapidement et superficiellement les sujets annoncés.

Tout d'abord Beaux Arts Magazine, BAM pour les intimes, qui dans son numéro 436 d'octobre propose le dossier suivant : « Pourquoi la mode passionne les musées ». Grave question en effet, car depuis la création du Musée des Arts de la Mode en 1986, la mode et plus généralement le costume et le textile ont fait leur entrée dans de nombreux musées via les collections permanentes ou des expositions thématiques.

De nouveaux musées consacrés au vêtement voire même à un seul couturier, ont vu le jour ; de très discrets petits musées comme le Musée de la Chemiserie et de l'Élégance masculine d'Argenton-sur-Creuse (en Indre), déploient de belles expositions thématiques. Plus près d'ici, le Musée de la Mode d'Albi a un succès grandissant, ou encore le vénérable Musée Saint-Raymond de Toulouse qui lors d'une récente exposition avait habillé quelques statues antiques à la mode d'aujourd'hui. Bref les exemples du nombre croissant de musée consacrés à la mode et de leur attractivité auprès du public ainsi que l'interconnexion accrue entre mode et musées d'art et d'histoire ne manquent pas, tant en France que partout ailleurs.

Mais au-delà de ce constat, comment expliquer le développement d'un domaine naguère dédaigné, considéré comme pas savant, trop futile, trop lié à la vie quotidienne, trop pollué par les contingences économiques, trop facilement assimilé aux Arts décoratifs, catégorie considérée comme mineure. De plus le textile rebutait les conservateurs de musées en raison de sa fragilité, de la difficulté de sa conservation et de son exposition au public. La convergence de plusieurs phénomènes éclaire la question du rapprochement mode/musées, outre les aspects institutionnels décrits dans BAM.  Il y a bien sûr le lien entre argent, luxe et art contemporain tel qu'il est analysé par un article de la revue du Crieur - car qui dit luxe dit Haute-couture, qui dit Haute-couture dit mode... Il a fallu aussi que l'Arte povera bouscule les us et coutumes des arts par son emploi de matériaux pauvres, et/ou peu pérennes, voire très rapidement dégradables. Il a fallu que des artistes, souvent des plasticiennes et sculptrices, s'emparent du textile comme matériau artistique.

Par ailleurs, le succès d'audience des expositions de mode et/ou de textile est dû en partie à un malentendu : il n'y aurait pas besoin de pré-requis «intellos» pour apprécier une exposition textile ou de mode car on pourra toujours se raccrocher au savoir-faire, à l'artisanat, ou à l'usage de l'objet montré, bref à une matérialité rassurante quoique souvent inconnue ou opaque. Sans compter que les catalogues de ces expositions textiles ou de mode sont en soi de beaux livres (pour Noël ???) qui «ratissent large», de l'esthète exigeant à la tata qui tricote (d'ailleurs parfois réunis en une seule personne...). Ce mouvement d'exposition de la mode et du textile s'accompagne de la création de galeries spécialisées qui témoignent bien de la naissance d'un nouveau secteur du marché de l'art, ainsi que les nombreuses ventes aux enchères ; c'est dire si le mouvement est profond et dépasse les musées.

Autre revue du mois, le Burda d'octobre qui fête son soixante-dixième anniversaire, donc né en 1950. Si on y trouve quelques anecdotes sur la carrière d'Aenne Burda, fondatrice de la revue, il n'y a pas grand-chose sur l'histoire proprement dite de la revue, et notamment sur les aspects techniques et éditoriaux, depuis les premières années avec sa diffusion uniquement en Allemagne et dans les pays germanophones, puis son arrivée en France, d'abord intégralement en allemand ; vers les années 70 est apparu le cahier central d'explications traduit en français avec encore beaucoup de vêtements «allemands» comme les dirnd'l, les culottes bavaroises pour hommes, les vêtements de communion pour les adolescents, et un je-ne-sais-quoi de sérieux... Puis les éditions intégralement en français, au début des années 1980, en russe à partir de 1987.  Burda est maintenant diffusé en de très nombreuses langues, un peu partout dans le monde - quelle émotion, il y a quelques années, quand au bord du Bosphore, dans un kiosque de presse stambouliote, j'ai trouvé un Burda en turc...

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l'évolution des explications et schémas explicatifs. Les feuilles de patrons sont devenues plus lisibles et aérées que celles des premières années, avec moins de modèles certes, mais déclinés en de nombreuses tailles alors que les modèles des premières années étaient proposés en deux tailles maximum, le plus souvent en une taille, et bingo, ce n'était pas pour vous !!! au cours des années 90, la gradation de la difficulté des modèles a été indiquée par un système simple de notation qui a sauvé la mise à bien des débutantes. Ou les adaptations «petites tailles» pour les morphologies françaises et latines, en général plus menues que les celles des Allemandes et autres nordiques. Et maintenant jusqu'au 54 pour tenir compte de l'évolution du monde. Au cours des dix dernières années, des stylistes et à des couturiers venus d'autres univers de la mode ont élargi les horizons «burdaliens»...

Voici, brossée à grands traits, car cela mériterait une étude plus approfondie, une brève histoire de Burda. Toutes les évolutions techniques et éditoriales ci-dessus ont marqué profondément l'édition des revues de couture et des patrons qui jusqu'aux années 50-60 ne s'adressaient qu'aux bienheureuses qui savaient coudre tant leurs explications étaient laconiques et les schémas quasiment inexistants.  Actuellement, toutes les revues de patronage pour la couture à domicile sont imprégnées de la culture de la précision technique et de la pédagogie «Burda» dont les pas-à-pas sont de véritables outils d'apprentissage et ne se contentent pas de décrire platement l'opération à effectuer. Cette qualité technique des patrons, des textes explicatifs et des schémas de Burda explique sans doute pourquoi on en trouve si peu dans les Puces des couturières, un peu comme les «Cent Idées» d'antan car leurs propriétaires les gardent précieusement, voire les transmettent à leur fille et petite-fille.

Dans ce numéro d'octobre de Burda, on trouve également quelques modèles vintage des années 50 adaptés aux morphologies des femmes d'aujourd'hui. Et bien sûr des modèles contemporains. Bon anniversaire, Bubu !

Je vous annonçais deux revues, puis en relisant, j'en trouve quatre... Bonne lecture à vous ! cousez bien !

Vos prochains rendez-vous textiles à Toulouse
et dans ses environs...

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