Tissus coptes
Le Musée Georges-Labit conserve une importante collection de tissus coptes et Danièle Nadal leur consacrait une conférence le 16 mars dernier.
Les tissus coptes sont quasiment les seuls tissus qui nous sont parvenus de l’Antiquité en raison du climat aride de l’Égypte, leur terre natale. Ils nous sont surtout parvenus sous forme de fragments issus des bandelettes de bourrage des momies car les Coptes ont gardé longtemps l’habitude égyptienne de momifier leurs morts : ces fragments constituent l’essentiel des campagnes de fouilles des XIXe et XXe siècles. Une source plus récente de fouilles est la collecte des détritus dans les fortins militaires du limes romain et dans les détritus des villes antiques sur lesquels travaillent des archéologues français. Les techniques muséographiques actuelles et la numérisation des images permettent désormais de reconstituer des pièces de grandes dimensions, parfois éclatées entre plusieurs musées et peu à peu se reconstitue ainsi un vaste puzzle de petits morceaux de tissus.
Ces tissus coptes proviennent de vêtements, de tentures, d’éléments mobiliers divers. Une forme de vêtement courant était la tunique tissée en plusieurs bandes de tissu que l’on assemblait ensuite. Des bandes de motifs décoratifs colorés étaient tissés selon une technique qui s’apparente à la tapisserie sur lisse au fur et à mesure du tissage de la pièce de tissu.
De beaux motifs géométriques ornent les bordures et reprennent des motifs populaires de la mosaïque qui ornait les maisons. Des motifs végétaux restituent la flore de la vallée du Nil sur le centre des tentures, des vêtements. Les dessins évoluent au fil du temps. À partir du VIIe siècle, l’influence de l’Islam se traduit par un retour à la stylisation géométrique, puis à partir du Xe siècle un nouveau déploiement des formes naturalistes, avec des poissons, des canards et diverses autres formes animales, employant tout un corpus graphique utilisé par ailleurs dans l’orfèvrerie, la peinture, la céramique coptes. Les représentations humaines sont abondantes, avec des portraits de face, yeux grands ouverts. Les tissus coptes peu à peu ne sont plus achetés que par la seule population copte chrétienne et à partir du XIIe siècle leur production ralentit, les formes graphiques s'appauvrissent et se figent.
Les collections toulousaines ont pour l’essentiel été trouvées dans les tombes, en particulier au cours des fouilles effectuées par Albert Gayet, de 1897 à 1907 dans l’antique Antinoë. Les collectes textiles de ces campagnes de fouilles du début du XXe siècle ont été confiées dès 1902 à la Faculté des lettres de Toulouse qui les a remises au Musée Saint-Raymond, puis à partir de 1949 au Musée Georges-Labit. Montrer au public ou préserver ? telle a été pendant longtemps l’alternative pour les textiles conservés par les musées. Montrer ces tissus au public a signifié les clouer sur des planches et les accrocher sous des spots qui les brûlaient, parfois plusieurs dizaines d’années d'affilée pour certaines pièces. Les conserver n’était pas un sort plus enviable car ils étaient entassés pêle-mêle dans un sous-sol humide sans aucune protection contre l’humidité et divers parasites, tels que champignons, insectes.
C’est au début des années 1980 que l’on se soucie vraiment de sauvegarder ces étoffes dans de bonnes conditions et qu’une campagne de restauration est entreprise par Danièle Nadal, alors conservatrice du musée qui commence à les nettoyer en cherchant conseil auprès de ses confrères des plus grands musées de France (Louvre, musée Guimet,…). Par bonheur, la fibre de ces tissus coptes est pour l’essentiel du lin qui est une fibre facile à nettoyer et aussi de la laine colorée. Les couleurs étaient issus de colorants naturels qui ont la propriété de ne pas dégorger au lavage, qu’il s’agisse de la garance (rouge), de la racine de lotus ou le safran (jaune), le pastel (bleu).
Parallèlement à la campagne de restauration entreprise par le Musée Georges-Labit, un don exceptionnel de Madame Chevalier au cours des années 1980 avait abouti à une remarquable exposition que beaucoup de Toulousains avaient alors pu apprécier. Depuis trente ans, les tissus coptes du Musée Georges-Labit sont très discrets, quoique conservés dans de bonnes conditions et le public n’a que trop peu l’occasion de les admirer. D’autant que depuis quelques mois, le musée Georges-Labit n’a plus de conservateur. Donc plus personne pour monter des expositions, valoriser les collections permanentes. Allô monsieur le Maire !
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