Éloge du raccommodage...
21 Mars 2019 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Citations textiles, #Billet du jour
Superbes monuments de l'orgueil des humains,
Pyramides, tombeaux dont la vaine structure
A témoigné que l'art, par l'adresse des mains
Et l'assidu travail, peut vaincre la nature ;
Vieux palais ruinés, chef-d'œuvre des Romains
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colisée, où souvent ces peuples inhumains
De s'entr'assassiner se donnaient tablature ;
Par l'injure des ans vous êtes abolis,
Ou du moins, la plupart, vous êtes démolis ;
Il n'est point de ciment que le temps ne dissoude.
Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir,
Dois-je trouver mauvais qu'un méchant pourpoint noir,
Qui m'a duré deux ans, soit percé par le coude.
Ce sonnet est de Paul Scarron, auteur burlesque du XVIIe siècle, époque où l'on reprisait et rapiéçait tant et tant qu'il valait mieux en faire des rimes plutôt que s'en plaindre.
Mais pour combler les accrocs causés par l'usure comme dans le cas du pourpoint de Scarron, par les déchirures, les brûlures et autres avanies, il y a trois techniques possibles. Évidemment, dans tous les cas, autant faire que ce soit présentable, voire décoratif, soit que l'on cherche à masquer la réparation soit que l'on cherche à la mettre en évidence.
Repriser : combler le trou avec du fil et une aiguille, avec des points simples ou plus proches de la broderie, même si en général on cherche la consolidation du vêtement plutôt que la décoration.
Stopper : combler le trou en imitant avec du fil et une aiguille l'étoffe de base. Cette technique très difficile, qui permet de faire des reprises invisibles se pratique surtout sur les lainages carreautés de prix ; il s'agit plutôt d'une affaire de professionnels, et même des meilleurs.
Rapiécer : ajouter une étoffe qui vient combler le trou, que cette étoffe soit identique à celle du vêtement ou différente. Cette dernière technique est très utile sur les vêtements d'enfants. Il y a même des pièces toutes faites en cuir ou simili que l'on trouve dans toutes les merceries - des «genouillettes» comme me disait naguère un expert de six ans en genoux percés...
Pourquoi ce billet ? parce qu'il pleut, parce qu'une pile de reprises et réparations m'attend et qu'en musardant autour, dans l'espoir que l'ouvrage se fasse tout seul... j'ai trouvé ce bon vieux Scarron dans ma bibliothèque. Maintenant, au boulot !
Initialement publié sur ce blog le 27 février 2017... mais c'est d'actualité en cette Journée de la poésie !
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