Victimes de la mode
La saison des soldes est de retour et son lot d'achats impulsifs. Qui n'a jamais succombé pour la petite fringue si jolie. Mais trop petite. À cause des fameux trois kilos en trop ! Ceux que nous sommes priées d'évacuer avant les baignades à la plage, sous peine de faire déborder l'Océan atlantique. On se dit donc qu'une fois qu'on aura cette petite fringue - trop serrée - on sera bien obligée de les perdre, ces trois kilos.
On oublie trop volontiers qu'un vêtement trop étroit, trop serré, outre qu'il peut être inesthétique et inconfortable peut se révéler dangereux pour la santé.
Effet «garrot» garanti qui comprime la circulation sanguine, en particulier avec les pantalons trop serrés.
Effet «transpiration» garanti aussi, surtout si le vêtement est composé de fibre synthétique, en tout ou en partie, car la transpiration ne peut pas s'évaporer normalement.
À quoi s'ajoute aussi l'effet «patch» sur la peau constamment frottée par l'étoffe. Et la peau absorbe tout ce qui passe à son contact et laisse diffuser par le sang toutes sortes de substances mais le sang n'est pas un organe d'élimination des déchets, comme les reins, l'intestin.
Nombre de vêtements neufs (et même ceux à la bonne taille) sont imprégnés de divers produits chimiques, utilisés à tous les stades de fabrication de la fibre, notamment les «apprêts» qui ont pour fonction de donner du tonus aux fibres, de rendre les couleurs plus vives, ou encore ceux qui ont pour but de faciliter le repassage. On se retrouve comme vêtu d'un patch, sauf que la plupart des patchs à visée thérapeutique sont conçus pour libérer leurs molécules actives de façon échelonnée dans le temps, à des doses adaptées au but médical recherché. Et le patch, c'est bien connu, fonctionne beaucoup mieux s'il est bien ajusté au contact direct sur la peau.
Cet effet «patch» est connu depuis longtemps et c'était quasiment un sport national, dans certaines cours européennes de l'époque de la Renaissance, que d'offrir à un «cher ami» que l'on souhaitait éliminer des gants dont le cuir, à l'intérieur, était enduit d'arsenic ou d'une autre substance aussi souriante. Mais on prenait bien soin d'empoisonner autrui, pas soi-même. Comme quoi, ces temps n'étaient pas si barbares qu'on l'imagine. Alors que maintenant, on prend bien soin de s'empoisonner soi-même avec un vêtement trop ajusté, dans des fibres trop traitées avec diverses substances chimiques, dont un grand nombre sont allergènes, irritantes, et quelques unes plus ou moins cancérigènes.
Quelques précautions s'imposent, à défaut d'avoir fait des études de chimie.
Règle n° 1 : s'habiller dans sa taille réelle, pas dans sa taille fantasmée.
Règle n° 2 : choisir plutôt des fibres naturelles. Ce n'est pas qu'elles soient nécessairement moins traitées chimiquement, mais au moins, elles laissent la peau respirer normalement.
Règle n° 3 : avant de le porter, passer le vêtement neuf à la vapeur, surtout s'il s'agit d'un vêtement au contact direct de la peau. Ou même lui donner un lavage léger (cycle rapide et froid de la machine à laver) et un rinçage à l'eau claire, ce qui particulièrement conseillé pour les sous-vêtements, les vêtements pour enfants. En plus d'une partie des substances d'apprêt et de fabrication (il en restera de toute façon), cela le débarrassera aussi de la poussière du magasin et des lieux de stockage et de manutention, des éventuels résidus laissés par les personnes qui l'ont essayé avant vous (pellicules mortes, transpiration, parfum, faune microbienne choisie, etc.).
Règle n° 4 : ne pas s'imaginer trop complaisamment que le tissu va s'étirer avec l'usage (id. pour les chaussures, elles ne s'élargissent pas, en tout cas pas assez pour gagner une taille).
Règle n° 5 : ne pas essayer de perdre subito-presto les trois affectueux kilos qui menacent de faire monter le niveau de la mer. Faire juste attention de ne pas plonger trop brutalement dans l'eau : un tsunami est si vite arrivé.
Ce billet était ma modeste contribution aux marronniers de l'été, avec des sujets d'actualité estivale : les kilos, les soldes, la santé qui f... le camp, les dangers de la plage.
Et pour finir, règle n° 6 : tailler et coudre ses vêtements soi-même - ou avec Tata Georgette - pour leur donner la bonne taille.