Trou suspect...
9 Février 2021 , Rédigé par Tata Georgette Publié dans #Billet du jour, #Ce que fait la main, #Lectures textiles
«La foule se précipita en avant avec un rugissement de curiosité et Howard se trouva porté jusqu’au corps de George. [...] Il prit une rame qui allait vers le centre. Habituellement, il était très sensible au bruit et au grincement du métro, acier sur acier, lui était une intolérable torture, mais à présent, il l’oubliait et s’accrochait à une poignée, reconnaissant de leur indifférence aux autres passagers plongés dans leur journal. Sa main droite, toujours glissée dans sa poche, en chercha automatiquement le fond. Il faudrait qu’il recouse cela dès ce soir. Il baissa les yeux et découvrit – le choc lui fut presque douloureux – que la balle avait troué le tissu. Il sortit rapidement sa main de sa poche et la plaça sur le trou, sans quitter le placard publicitaire qui lui faisait face. [...] Et personne ne l’avait vu tirer, il en était sûr. [...] À présent, il devait penser à se débarrasser d’abord du manteau. Il était trop dangereux de faire stopper ce genre de trou. Cela ne ressemblait pas à une brûlure de cigarette, cela ressemblait bien à ce que c’était...»
Si ce personnage de «Un alibi parfait» de Patricia Highsmith ne connait pas de stoppeuse discrète, encore sait-il ce qu’est le stoppage, ce que beaucoup de nos contemporains ignorent désormais, à notre époque de prêt à porter jetable.
En tout cas, n’assassinez personne à Toulouse en trouant bêtement la poche de votre manteau ou de votre veste, car il n’y a pas de stoppeuse à Toulouse, même s’il y a beaucoup de retoucheuses qui effectuent toutes sortes de réparations. Quant à le faire soi-même, c’est une autre affaire, nettement plus complexe que de recoudre un fond de poche... Stoppeuse fut naguère un métier qui nécessitait un assez long apprentissage car le but était de rendre invisible un trou dans un textile, non pas en le raccommodant, mais en reconstituant le tissage originel. Les stoppeuses sont maintenant rarissimes en France, quoique on sent frémir à nouveau une demande pour ce type de prestation en dépit de son coût assez onéreux, ce qui le cantonne aux vêtements de qualité, voire de luxe. Pour donner une petite idée de la nature de cette opération, on peut lire les quelques pages consacrées au stoppage à la toute fin de «Rapiécer et raccommoder» de Kerstin Neumüller, publié l'an passé par La Plage.
Que n’eut-il troué un pull ou une veste tricotée ? il aurait pu faire réparer cet accroc chez Couture en L, (36, rue Saint-Rémésy) qui pour réparer ce type de dégâts dispose de doigts experts...
P.s. «Un parfait alibi» est une des nouvelles publiées dans le recueil «Dernières nouvelles du crime», de Patricia Highsmith, chez Robert Laffont, dans son inépuisable collection «Bouquins»
Vos prochains rendez-vous sur l’agenda...
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories
- 633 Billet du jour
- 132 Explorations textiles
- 129 Lectures textiles
- 118 Prochaines semaines textiles
- 92 Bonnes affaires
- 65 Ça n'a rien à voir quoique...
- 62 Atelier
- 61 Art textile
- 50 Fibres à la folie
- 27 Ce que fait la main
- 26 Couleurs
- 22 Musées
- 20 Citations textiles
- 18 Films textiles
- 15 Le nez en l'air
- 14 Loin d'ici...
- 10 Revue de presse
- 3 Sur la toile